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un peu à gauche, sous la fenêtre. Les deux jeunes suivantes, debout, portent un chapeau en forme de poisson.

La musique est de plus en plus douce et assourdie. Ourashima lève la tête et prie des yeux la princesse de s’asseoir. Elle prend place dans le fauteuil que lui offrent les deux jeunes filles.

otohimé

Que me dites-vous ? et pourquoi l’expression de votre visage est-elle si changée ces jours-ci ? Dans ce palais « d’éternelle joie », les soucis ne doivent pas entrer. Hélas ! le désir de revoir le monde humain vous tourmente ?

ourashima

Je ne le cache plus : vous m’avez deviné. Trois ans se sont écoulés depuis mon arrivée ici. Trois ans pendant lesquels j’ai vécu avec vous des jours tissés de joie, sans que la moindre pensée triste m’ait effleuré. Avec vous, j’ai touché le bonheur. Cependant…

(Il songe, le regard levé, comme s’il voulait contempler le ciel.)
le chant (l’air d’Utahi)

Toutes les nuits où la lune brille par delà les vagues qui s’entassent en des milliers de couches, la chanson du pêcheur, dolente et triste, s’entend

le chant (l’air d’Itchu)

Sanglotant avec les vagues qui mugissent, elle se lamente avec les flots qui se retirent, c’est une voix