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§ XCII. — Dans laquelle des trois classes de la société doit-on ranger les capitalistes ;
prêteurs d’argent.

Voyons maintenant comment ce que nous venons de développer sur les différentes manières d’employer les capitaux s’accorde avec ce que nous avons précédemment établi sur le partage de tous les membres de la société en trois classes, la classe productrice ou des agriculteurs, la classe industrieuse ou commerçante, et la classe disponible ou des propriétaires.

§ XCIII. — Le capitaliste prêteur d’argent appartient, quant à sa personne,
à la classe disponible.

Nous avons vu que tout homme riche est nécessairement possesseur ou d’un capital en richesses mobiliaires, ou d’un fonds équivalent à un capital. Tout fonds de terre équivaut à un capital ; ainsi tout propriétaire est capitaliste, mais tout capitaliste n’est pas propriétaire de biens-fonds ; et le possesseur d’un capital mobilier a le choix, ou de l’employer à acquérir des fonds, ou de le faire valoir dans des entreprises de la classe cultivatrice ou de la classe industrieuse. Le capitaliste devenu entrepreneur de culture ou d’industrie n’est pas plus disponible, ni lui, ni ses profits, que le simple ouvrier de ces deux classes ; tous deux sont affectés à la continuation de leurs entreprises. Le capitaliste qui se réduit à n’être que prêteur d’argent, prête à un propriétaire ou à un entrepreneur. S’il prête à un propriétaire, il paraît appartenir à la classe des propriétaires ; il devient copartageant de la propriété ; le revenu de la terre est affecté au payement de l’intérêt de sa créance ; la valeur du fonds est affectée à la sûreté de son capital jusqu’à due concurrence. Si le prêteur d’argent a prêté à un entrepreneur, il est certain que sa personne appartient à la classe disponible ; mais son capital reste affecté aux avances de l’entreprise, et ne peut en être retiré sans nuire à l’entreprise, ou sans être remplacé par un capital d’égale valeur.

§ XCIV. — L’intérêt que retire le prêteur d’argent est disponible, quant à l’usage
qu’il en peut faire.

À la vérité, l’intérêt qu’il tire de ce capital semble être disponible, puisque l’entrepreneur et l’entreprise peuvent s’en passer ; et il semble aussi qu’on puisse en conclure que dans les profits des deux classes laborieuses employées soit à la culture, soit à l’industrie, il y en a une portion disponible, savoir, celle qui répond à l’intérêt des