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§ XCVIII. — Il ne reste de revenu vraiment disponible dans un État
que le produit net des terres.

On voit par ce qui a été dit que l’intérêt de l’argent prêté est pris sur le revenu des terres, ou sur le profit des entreprises de culture, d’industrie ou de commerce.

Mais ces profits eux-mêmes, nous avons déjà démontré qu’ils sont seulement une part de la production des terres ; que le produit des terres se partage en deux portions ; que l’une est affectée aux salaires du cultivateur, à ses profits, à la rentrée de ses avances ; que l’autre est la part du propriétaire, ou le revenu que le propriétaire peut dépenser à son gré, et dont il contribue aux dépenses générales de l’État.

Nous avons démontré que tout ce que reçoivent les autres classes de la société n’est que les salaires et les profits payés soit par le propriétaire sur son revenu, soit par les agents de la classe productrice sur la partie affectée à leurs besoins, qu’ils sont obligés d’acheter de la classe industrieuse. Que ces profits soient distribués en salaires d’ouvriers, en profits d’entrepreneurs, en intérêts d’avances, ils ne changent pas de nature et n’augmentent point la somme du revenu produit par la classe productrice en sus du prix de son travail, à laquelle la classe industrieuse ne participe que jusqu’à concurrence du prix de son travail.

Il reste donc constant qu’il n’y a de revenu que le produit net des terres, et que tout autre profit annuel, ou est payé par le revenu, ou fait partie des frais qui servent à produire le revenu.

§ XCIX. — La terre a aussi fourni la totalité des richesses mobiliaires ou capitaux existants, et qui ne sont formés que par une portion de ses productions réservées chaque année.

Non-seulement il n’existe ni ne peut exister d’autre revenu que le produit net des terres, mais c’est encore la terre qui a fourni tous les capitaux qui forment la masse de toutes les avances de la culture et du commerce. Elle a offert sans culture les premières avances grossières et indispensables des premiers travaux ; tout le reste est le fruit

    nomistes, qu’attribuer au dépenses sociales une portion régulière du revenu que produisent les terres (ce qui ne se fait jamais que parce qu’on en a reconnu l’utilité, la nécessité, l’avantage pour les propriétaires), et s’abstenir des autres formes de contribution, ce n’est pas mettre un impôt, c’est établir une société amicale entre le gouvernement et la nation ; c’est en une seule fois, et pour l’avenir, supprimer tous les impôts. (Note de Dupont de Nemours.)