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Ces monnaies de compte n’étant, comme on voit, que de simples dénominations arbitraires, varient de nation à nation, et peuvent varier, dans la même nation, d’une époque à une autre époque.

Les Anglais ont aussi leur livre sterling, divisée en vingt sous ou schellings, lesquels se divisent en douze deniers ou pence. Les Hollandais comptent par florins, dont les divisions ne correspondent point à celles de notre livre.

Nous avons donc à faire connaître, dans la géographie commerçante, non-seulement les monnaies réelles de chaque nation et leur évaluation en poids et en titre, mais encore les monnaies de compte employées par chaque nation, les rapports de cette monnaie de compte avec les monnaies réelles qui ont cours dans la nation, et le rapport qu’ont entre elles les monnaies de compte des différentes nations.

Le rapport de la monnaie de compte à la monnaie réelle de chaque nation se détermine en énonçant la valeur des monnaies réelles en monnaie de compte du même pays : du ducat en florins, de la guinée en schellings et deniers sterling, du louis et de l’écu en livres tournois.

Quant au rapport qu’ont entre elles les monnaies de compte usitées chez les différentes nations, l’idée qui se présente d’abord est de le conclure du rapport des monnaies de compte de chaque pays aux monnaies réelles, et de la connaissance du poids et du titre de celles-ci. En effet, connaissant le poids et le titre d’un crown d’Angleterre et le poids et le titre d’un écu de France, on connaît le rapport du crown à l’écu de France, et sachant combien l’écu vaut de deniers tournois, on en déduit ce que vaut le crown en deniers tournois et, comme on sait aussi ce que vaut le crown en deniers sterling, on sait que tel nombre de deniers sterling équivaut à tel nombre de deniers tournois et l’on a le rapport de la livre sterling à la livre tournois.

Cette manière d’évaluer les monnaies de compte des différentes nations par leur comparaison avec les monnaies réelles de chaque nation, et par la connaissance du poids et du titre de celles-ci, ne serait susceptible d’aucune difficulté s’il n’y avait des monnaies que d’un seul métal, d’argent, par exemple, ou si la valeur relative des différents métaux employés à cet usage, de l’or, par exemple, et de l’argent, était la même chez toutes les nations commerçantes, c’est-à-dire si un poids quelconque d’or fin, un marc par exemple, valait exactement un nombre de grains d’argent fin qui fût le même chez