Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/323

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antérieures à 1690, temps où la gratification a été accordée, le prix moyen a été de 24 livres 7 sous 7 deniers de notre monnaie, le setier, mesure de Paris[1].

Dans les vingt années suivantes, jusqu’en 1711, le prix a été un peu plus fort, et a monté jusqu’à 25 livres six sous huit deniers le setier. Sur quoi j’observe que pendant ces vingt années, il n’y a eu que quatre ans de paix, et que le reste a été rempli par les deux grandes guerres de toute l’Europe contre Louis XIV ; que dans les dix premières années de cette époque, il y a eu sept années de mauvaise récolte, depuis 1693 jusqu’en 1699, et que les dix der-

  1. Voici un échantillon des variations que les règlements peuvent apporter dans les prix des blés ; puisque Turgot cite l’Angleterre, c’est chez elle que nous prendrons d’abord nos exemples.

    Or, en Angleterre les blés ont éprouvé, malgré une législation pour ainsi dire annuelle, les variations suivantes :

    De 1815 à 1813 les prix ont varié de 120 sch. 8 d. par quarter, à 54 sch. 8 d., ce qui répond à 119 pour 100 de fluctuation. — Ces fluctuations ont été presque subites. — Ainsi, au 26 juin 1815, par exemple, le prix était de 114 sch. 7 d. ; au 11 décembre suivant, il n’était plus que de 74 sch.

    De 1816 à 1818 inclus, sous l’égide de cette mémorable législation qui devait enfin fixer les prix, les variations ont été de 112 sch. 3 d. à 53 sch. 1 d., soit 111 pour 100. Le 21 juin 1817, le prix était de 112 sch. 7 d. Le 27 septembre il était tombé à 74 sch.

    De 1819 à 1821, toujours sous l’empire de la même loi, les prix varient de 46 sch. 2 d. à 78 sch. 11 d., soit de 85 pour 100.

    De 1822 à 1824, sur une nouvelle modification des tarifs, les prix varient de 38 sch. 1 d. à 67 sch. 7 d., soit de 76 pour 100.

    Du 14 juin 1822 au 4 janvier suivant, les prix tombent de 62 sch. 5 d. à 39 sch. 11 d.

    De 1825 à 1827, les variations sont de 49 sch. 2 d. à 69 sch. 8 d., c’est-à-dire de 44 1/2 pour 100.

    En 1828, année de la modification de la loi de 1815-1816, les prix varient de 49 sch. 8 d., au 18 janvier, à 76 sch. 7 d. au 14 novembre, soit 57 pour 100,

    De 1829 à 1831 inclus, les variations sont de 55 sch. 4 d. à 75 sch. 11 d., c’est-à-dire de 38 pour 100.

    Les soubresauts sont presque instantanés ; ainsi le 2 janvier 1829, le blé vaut 75 sch. 11 d. ; le 13 mars suivant il ne vaut plus que 66 sch. 2 d. Au 30 juillet 1830, le prix est de 74 sch. 11 d. ; au 17 septembre, c’est-à-dire quinze jours après, le prix tombe à 60 sch. 2 d. Au 18 février 1831, le prix est de 75 sch. 1 d. ; au 27 mai, il n’est plus que de 65 sch. 5 d.

    De 1832 à 1834 inclus, les prix se maintiennent à un taux assez régulier. Les fluctuations ne sont guère que de 25 à 38 pour 100. Les défenseurs des lois en vigueur considèrent ce résultat comme un progrès. Mais de 1834 à 1838, le blé double de valeur, et en 1838, 1839 et 1840 l’Angleterre importe quatre-vingts jours de subsistances, soit plus de 11 millions d’hectolitres ; tout son or, tout l’emprunt qu’elle a fait à la France, servent à ces achats ; car dans l’état actuel des lois sur