Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/440

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lument nécessaire, pour remplir les emplois publics, qu’il se trouvât des propriétaires ou des prêteurs d’argent qui jouissent sans travail d’un gros revenu.

Cela posé on demande :

VI. Par quel genre d’hommes sont communément remplies les grandes places à la Chine ? Sont-ce les enfants de familles riches vivant sans travail de leurs revenus, ou bien des fils de laboureurs, de manufacturiers, de commerçants, dont les pères sont assez riches pour leur procurer une éducation distinguée ?

VII. N’y a-t-il pas des familles qui de père en fils n’ont d’autre état que de se livrer à la profession des lettres et de poursuivre les différents emplois, comme cela paraît fort naturel, et comme il arrive en France, où les enfants des magistrats prennent le plus souvent l’état de la magistrature ?

VIII. En supposant, ainsi qu’il est vraisemblable, que ces familles jouissent sans travail d’une certaine aisance, on demande si le plus grand nombre ont leur fortune en fonds de terre ou en argent prêté à intérêt.

IX. La plupart des terres sont-elles cultivées par les propriétaires eux-mêmes, ou par des colons qui rendent aux propriétaires un certain revenu ?

X. Emploie-t-on dans quelques parties de la Chine des esclaves à la culture des terres[1] ?

XI. Est-il commun à la Chine de donner ses terres à cultiver à des ouvriers qui rendent au propriétaire une certaine portion des fruits, comme la moitié ou le tiers ?

XII. Dans ce cas, le propriétaire fait-il quelques avances ? Fournit-il au cultivateur les bestiaux de labour ?

XIII. Est-il d’usage à la Chine d’affermer les terres à des cultivateurs qui fournissent les avances et les bestiaux, et qui rendent au

  1. Le servage de la glèbe ne paraît plus exister en Chine que pour les terres appartenant à des familles tartares-mantchoux, dont les individus mâles sont destinés légalement à la profession des armes. Mais ces familles sont peu nombreuses, puisqu’elles ne représentent pas une population militaire de plus de cent mille âmes. Quant au propriétaire Chinois, il afferme ordinairement sa terre à un autre Chinois, libre comme lui, en ayant soin d’exiger du fermier un gage équivalent au moins au revenu d’une année. Sans cette précaution, la récolte faite, le fermier vendrait le grain et prendrait la fuite. — Voyez Journal asiatique, mars 1837 ; Annales de la foi, no XL. (E. D.)