Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/477

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débauché sera-t-il rappelé à son devoir par quelque punition que ce soit, aussi promptement que par la vue des étrangers employés au même travail dont il n’a pas voulu se charger ? Et la méthode d’exciter l’émulation n’est-elle pas plus douce, plus humaine, plus convenable au génie d’un peuple qui n’est pas entièrement barbare, plus propre à tous égards à produire le bien général ?

Section XXII. — L’admission des étrangers considérée par rapport à la constitution de l’Église et à celle de l’État.

I. Sous quel rapport l’admission des protestants étrangers mettrait-elle en péril l’excellente constitution de notre Église ? Quelle était là-dessus l’opinion de nos réformateurs ?

II. Les Églises étrangères ont-elles jamais montré de l’aversion pour l’Épiscopat, pour l’usage des liturgies, pour nos articles et nos homélies, ou pour aucune partie de nos constitutions ecclésiastiques, et n’ont-elles pas même souvent regardé l’Église anglicane comme l’ornement et le soutien de la réformation ?

III. Les Anglais ne sont-ils pas notés aujourd’hui dans l’Europe comme les défenseurs des systèmes les moins orthodoxes et de toutes les opinions latitudinaires ? Voit-on dans quelque autre pays les articles fondamentaux de la religion naturelle ou révélée attaqués aussi outrageusement qu’en Angleterre ?

IV. Les principales personnes du clergé dans les pays étrangers, soit calvinistes, soit luthériens, ne se sont-elles pas fait agréger à la société qui s’est formée à Londres pour la propagation de l’Évangile chez les infidèles, conformément à la doctrine et à la discipline de l’Église anglicane ? Si donc quelques-uns de leurs disciples venaient se fixer parmi nous, serait-ce en arrivant en Angleterre qu’ils s’aviseraient de rompre avec l’Église établie ?

V. Les protestants étrangers qui ont cherché parmi nous un asile contre les persécutions de l’Église romaine se sont-ils conduits avec indécence ? Ont-ils manqué de respect pour le clergé anglican ? Leurs descendants ne sont-ils pas aussi bien intentionnés que qui que ce soit pour ce même clergé, et est-il probable, en quelque nombre qu’ils viennent, qu’ils veuillent jamais donner aucun sujet de plainte contre eux ?

VI. Sous quel rapport l’admission des protestants étrangers mettrait-elle en péril la constitution de l’État ? Que pensent là-dessus les patriotes les plus distingués et les meilleurs politiques ?