Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/499

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faites au roi, au nom de la ville de Rochefort, pour obtenir la liberté du commerce aux colonies. Je regarde cette liberté comme très-avantageuse à la province dont l’administration m’est confiée. Je dois m’y intéresser d’autant plus" que je suis, depuis plusieurs années, occupé du projet de perfectionner la navigation de la Charente au-dessous d’Angoulême, et de rendre cette rivière navigable dans toute l’étendue de l’Angoumois, et jusqu’à Civray en Poitou. La possibilité de cette navigation a été bien reconnue, et tous les plans en sont dressés. Cette navigation et la liberté du port de Rochefort doubleront leur utilité réciproque. Vous pouvez donc juger combien j’ai dû me faire un plaisir de joindre mes sollicitations aux vôtres. Avant de quitter Paris, j’avais eu l’honneur d’en parler à M. de Boynes. Il m’avait paru aussi bien disposé qu’on pouvait le désirer, et persuadé, ainsi que moi, que cette demande ne pouvait souffrir aucune difficulté. Je vois par votre lettre qu’on vous oppose l’intérêt prétendu de la ville de La Rochelle et des fermiers généraux. Je crois cet intérêt très-léger, s’il est réel. Mais quand il serait beaucoup plus grand qu’il ne peut l’être, ce ne serait assurément pas une raison pour priver toutes les provinces à portée de la Charente, de leur débouché naturel, pour les forcer d’en prendre un détourné et moins avantageux ; aurait-on pu rejeter le projet du canal de Languedoc sur l’opposition des rouliers de Toulouse à Cette, ou admettre l’opposition des muletiers contre l’ouverture des routes praticables aux grandes voitures ? Je connais trop les principes de M. Trudaine pour douter qu’il n’apprécie à leur juste valeur les oppositions des habitants de La Rochelle et celles des fermiers généraux. Je lui écris cependant, ainsi qu’à M. le contrôleur-général.

J’ai l’honneur d’être avec toute la considération possible, monsieur, votre très-humble, etc.


LETTRE À M. LE CONTRÔLEUR GÉNÉRAL.

À Limoges, le 7 juillet 1772.

Les juges-consuls d’Angoulême m’ont communiqué, il y a quelque temps, un mémoire par lequel ils joignent leurs sollicitations à celles du corps municipal de Rochefort, pour demander que cette dernière