Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/507

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pour objet que de trouver les moyens de tirer des peuples plus d’argent, a fait naître une défiance universelle ; et la plus grande partie de ceux à qui l’on fait des questions, ou ne répondent point, ou cherchent à induire en erreur par des réponses tantôt fausses, tantôt

    dustrie, dans ces stupides entraves apportées au développement de la production, on peut en juger par les chiffres ci-après : les droits de marque perçus à la fabrication ne dépassaient pas 8 à 900,000 livres, et ceux perçus à l’entrée ou à la sortie du royaume n’étaient pas un objet de plus de 100,000 francs. La révolution de 1789 a émancipé l’industrie métallurgique, mais nous sommes loin, pour cela, de payer aujourd’hui le fer à meilleur marché. On a calculé que, de 1813 à 1835, le système protecteur nous avait imposé un sacrifice de 618 millions sous ce rapport*. L’ancien régime n’avait pas imaginé, en cette matière du moins, de percevoir des impôts pour le compte des capitalistes. Cela était réservé sans doute, par un contraste piquant, à une époque qui devait proclamer que le fer et la houille sont le pain quotidien de l’industrie ! Nous avons dit qu’avant 1789 les droits perçus sur le fer, tant à l’intérieur qu’à l’entrée du royaume, ne s’élevaient pas à plus de 1 million. Il y a, par suite, quelque intérêt à citer le produit actuel du même impôt, et nous le comparerons à la valeur des matières qui y ont donné lieu.

    Importation de 1837.

    Il résulte de ces chiffres, qui sont officiels, 1o que l’impôt s’élève à près de la moitié de la valeur des produits, et 2o, ce qui est assez bizarre, que la proportion en est plus forte relativement au fer non ouvré qu’au fer mis en œuvre.

    Les droits d’exportation ont si peu d’importance, qu’ils ne méritent pas la peine d’être relevés.

    En 1789, d’après Chaptal, la France ne produisait que 61,349,300 kilogrammes de fonte en gueuse, et 7,379,200 de fonte moulée. La fonte en gueuse donnait 46,803,900 kilogrammes de fer marchand, et ce chiffre était monté à 270,000,000 en 1835. (Dictionnaire du commerce et des marchandises.) En 1859, d’après M. Dunoyer, nos forges ont fourni 5,301,000 quintaux métriques de fontes. (Journal des Économistes, tome III, page 311.)

    En 1835, d’après M. Dutens, l’extraction du minerai, la fabrication des fontes, gros et menus fers, ainsi que des aciers, occupait 30,913 ouvriers, et les matières premières sorties de leurs mains étaient distribuées ensuite à 223,369 autres, tels que serruriers, taillandiers, chaudronniers, etc. (Du revenu de la France en 1813 et 1833.) (E. D.)

    * Le prix moyen des fontes anglaises, pendant cette période de temps, a été de 13 fr. 75 c, rendu dans nos ports, et celui des fontes françaises, de 18 fr. 61 c. — Le prix moyen des fers anglais, de 20 fr. 30 c, et celui des fers français, de 13 fr. 18 c. C’était donc, d’une part, une dépense de i fr. 80 c. par (quintal métrique de fonte, et de 10 fr. 30 c. par quintal métrique de fer, qui était imposée aux consommateurs français pour qu’ils ne devinssent pas tributaires de l’étranger.