Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/561

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dans le détail du commerce avec les autres valeurs pour en fixer le prix, n’en est ni plus ni moins forte.

Chez une nation où l’agriculture, l’industrie et le commerce fleurissent, et où l’intérêt de l’argent est bas, la masse des capitaux est immense, et il est cependant notoire que la masse de l’argent mis en réserve dans les caisses est très-médiocre ; presque tous les capitaux existants sont représentés par du papier qui équivaut à l’argent, parce que les effets qui répondent de leur solidité équivalent à l’argent. Mais il n’y a véritablement d’argent dans les caisses que la quantité nécessaire pour pouvoir faire les payements journaliers qu’exige le cours du commerce. Il se fait quelquefois des mouvements de plusieurs millions, sans qu’il y ait un sou d’argent déplacé. La quantité de cet argent que l’on croirait qui circule en grosses masses est donc très-bornée, toujours proportionnée au degré d’activité du commerce, aux mouvements qu’il donne à l’argent, toujours à peu près la même.

Je crois avoir montré deux choses, l’une, que quand l’épargne retirerait l’argent de la circulation, elle ne serait pas pour cela seul une chose mauvaise ; l’autre, que dans le fait l’épargne ne retire pas véritablement de la circulation l’argent qu’elle met en réserve.

Le résultat de cette longue note est que les réserves et les amas d’argent que font les fermiers de l’impôt indirect ne sont pas un mal par elles-mêmes, et ne doivent pas être comptées parmi les inconvénients de ce genre d’impôt. Les profits excessifs sont sans doute un mal, parce qu’ils sont pris sur le peuple, et que, n’entrant point dans le trésor du prince, ils mettent celui-ci dans la nécessité d’augmenter l’impôt. C’est un mal que ces profits se dépensent à Paris, comme c’est un mal que tous les gros propriétaires dépensent leur revenu à Paris. Mais c’est un bien que les fermiers-généraux n’en dépensent en détail qu’une partie.