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V. OBSERVATIONS

SUR LE MÉMOIRE DE M. GRASLIN

EN FAVEUR DE L’IMPÔT INDIRECT,

AUQUEL LA SOCIÉTÉ ROYALE D’AGRICULTURE DE LIMOGES
DÉCERNA UNE MENTION HONORABLE.


L’auteur impute mal à propos aux écrivains qu’il attaque, de ne regarder comme richesse que le produit net du sol, c’est-à-dire le revenu. Tout ce que produit la terre est richesse. Mais ces écrivains prétendent avec raison que la somme des richesses renaissantes d’un État se réduit à la somme des productions annuelles de la terre. Ces productions se divisent en deux parts, dont l’une est affectée à la subsistance et à la satisfaction des besoins du cultivateur, aux intérêts et au remplacement de ses avances, en un mot à tout ce qui est nécessaire, de près ou de loin, à la reproduction de l’année suivante. Cette partie n’est aucunement disponible, et les impôts ne peuvent l’attaquer sans détruire la source des richesses, en altérant la reproduction. Mais, cette partie prélevée, le surplus que le cultivateur rend au propriétaire du sol forme le revenu de celui-ci, qui, n’étant point nécessaire à la reproduction de l’année suivante, est libre dans sa main, disponible et susceptible de partage entre le propriétaire titulaire, les décimateurs, le seigneur censier, l’État, etc.


L’auteur n’entend pas non plus la vraie distinction entre les deux classes laborieuses, dont l’une, appliquée immédiatement au travail de la terre, produit, ou si l’on veut ôter toute équivoque, recueille immédiatement toutes les richesses que la terre donne ; l’autre, ne recevant immédiatement rien que par le canal de ceux qui ont recueilli les fruits de la terre, mérite sa subsistance et la reçoit en échange de son travail, mais n’ajoute aucune richesse nouvelle à la somme des richesses produites par la terre seule.


Ce n’est pas toute richesse réelle, comme le croit l’auteur, qui