Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/58

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La terre est l’unique source de toute richesse, et les cultivateurs, chaque année, recueillent immédiatement cette richesse des mains de la nature.

Le produit brut annuel de la terre se divise nécessairement en deux parts ; l’une, soit que la circulation s’en opère en nature ou à l’aide de l’argent, sert à rembourser les avances et à solder les profits et les salaires des cultivateurs ; l’autre est, sous forme de monnaie, livrée aux propriétaires à titre de revenu, qui est la richesse que donne la terre au delà des frais et reprises de ceux qui l’exploitent.

La classe industrielle vit en partie sur le produit net ou revenu de la terre, et en partie sur son produit brut, par l’échange qu’elle fait de son travail, au moyen de l’argent, avec les propriétaires et les cultivateurs.

Les deux classes laborieuses ont cela de commun, qu’elles vivent de profits ou de salaires. La classe propriétaire jouit seule d’un revenu, et c’est sur ce revenu, la seule richesse qui soit disponible dans l’État, que l’impôt doit porter exclusivement.

Mais, entre les deux classes laborieuses, « il y a cette différence essentielle », dit Turgot, « que le cultivateur produit son propre salaire, et en outre le revenu qui sert à salarier la classe des artisans et autres stipendiés ; au lieu que les artisans reçoivent simplement leurs salaires, c’est-à-dire leur part de la production des terres en échange de leur travail, et ne produisent aucun revenu. Le propriétaire n’a rien que par le travail du cultivateur ; il reçoit de lui sa subsistance et ce avec quoi il paye les travaux des autres stipendiés. Il a besoin du cultivateur par la nécessité de l’ordre physique, en vertu duquel la terre ne produit point sans travail ; mais le cultivateur n’a besoin du propriétaire qu’en vertu des conventions et des lois qui ont dû garantir aux premiers cultivateurs et à leurs héritiers la propriété des terres qu’ils avaient occupées, lors-même qu’ils cesseraient de les occuper, et cela pour prix des

    plaçant lui-même à un point de vue scientifique analogue, n’hésitait pas à diviser les travailleurs en productifs et non productifs.