Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/660

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du blé d’Espagne, il est presque entièrement perdu par la sécheresse, et à peine a-t-il produit la semence. Il est certain que le peuple de l’Angoumois, qui en tire les trois quarts de sa subsistance, souffrira beaucoup de cette privation.

Châtaignes. — Dans l’état où sont les châtaigniers, il y a lieu d’espérer une bonne récolte ; mais cette espèce de fruit est sujette à tant d’accidents qu’elle laisse des inquiétudes jusqu’à ce qu’on l’ait recueillie, et même après, car il arrive souvent que la châtaigne pourrit dans les trois premiers mois qui suivent sa récolte.

Vignes. — Il n’y a qu’un petit nombre de paroisses dans les élections de Limoges et de Tulle qui cultivent les vignes, et le vin qu’elles produisent est de la plus mauvaise qualité. Elles font l’objet le plus considérable de la production du sol dans les élections d’Angoulême et de Brive. Les vins de l’Angoumois sont pour la plupart convertis en eau-de-vie ; mais le commerce en est totalement tombé depuis la guerre. Ceux du bas Limousin se consomment dans le pays et dans le haut Limousin ; mais l’abondance des récoltes des trois dernières années, et la rareté de l’argent, en ont fait diminuer considérablement le prix. Elles ne donneront cette année que la moitié d’une année commune.

Fourrages, foins et paille. — Quoique l’on puisse dire en général que la première récolte des foins a été abondante, cependant on ne doit compter que sur la moitié d’une récolte ordinaire, parce que les regains et toutes les ressources qu’on tire des raves et des sommités du blé d’Espagne, et celle des pacages, ayant totalement manqué cette année, on a été forcé, pour y suppléer, de donner aux bestiaux une grande partie des fourrages, dont le besoin se fera sentir en hiver ; les grandes chaleurs ont tellement desséché le sol des prés, qu’on a été obligé de nourrir en sec les gros bestiaux, au lieu que les années précédentes on les mettait au vert jusqu’au mois de décembre. Les pailles n’ont produit que la moitié d’une année commune.

Fruits et légumes. — Ces objets sont, dans cette province, d’une trop petite conséquence pour fixer l’attention du conseil.

Bestiaux. — L’objet qui nous paraît le plus intéressant pour la généralité, est le commerce des bestiaux. C’est la seule ressource qu’aient les habitants pour le payement de leurs impositions ; mais les ventes sont beaucoup tombées depuis plusieurs années. Les foires