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généralité de Limoges sur le recouvrement des impositions ; retard tel que les impositions ne sont soldées qu’à la fin de la troisième année, et que les contribuables, dans les temps les plus heureux, ont toujours à satisfaire trois collecteurs à la fois. Nous observions, dans cette même lettre, que le seul moyen de rapprocher des termes ordinaires les recouvrements arriérés, était de mettre la province en état de s’acquitter par degrés en diminuant cette surcharge, qui lui laisse à peine de quoi se soutenir au point où elle est sans augmenter la masse des arrérages.

Nous aurons occasion, dans le cours de cet Avis, de remettre encore sous les yeux du Conseil d’une manière plus frappante l’excès de ces arrérages, et leur prodigieuse augmentation par l’effet des malheurs successifs qu’a essuyés le Limousin, ainsi que la nécessité urgente d’y remédier.

Nous ne nous lasserons point de répéter que, pour ramener les impositions de la généralité de Limoges à la même proportion que celles des autres provinces, c’est-à-dire pour qu’elle ne payât au roi que le tiers du revenu total, ou une somme égale à la moitié de ce que retirent les propriétaires, il faudrait une diminution effective de plus de 700,000 liv., dont la moitié fût portée sur la taille, et l’autre moitié sur les impositions accessoires.

Nous répéterions de même que ce n’est point à titre de grâce ni sous la forme de moins-imposé, que ce soulagement devrait lui être accordé ; que ce n’est point une faveur passagère qu’elle réclame de la bonté et de la justice du roi, mais un changement permanent dans sa proportion avec les autres provinces ; un changement dans sa fixation sur les commissions mêmes des tailles, et dans l’assiette du second brevet et de la capitation.

À quelque point qu’il fût intéressant de donner de nouvelles preuves de cette surcharge, d’insister sur la nécessité d’y avoir égard, et de lever les doutes et les difficultés qui ont pu jusqu’ici suspendre la décision du Conseil, nous nous trouvons encore cette année, ainsi que nous nous trouvions l’année dernière, dans la nécessité de passer légèrement sur des considérations aussi puissantes. Au milieu des fléaux dont cette province a été successivement accablée pendant trois années, nous avons malheureusement des motifs plus pressants encore à présenter.

M. le contrôleur-général sait qu’après deux disettes consécu-