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droit du chancelier, d’après la législation de l’époque, il s’adressa à ce ministre, et le détermina, par un exposé chaleureux de la question, à adopter son sentiment.

Ces lignes tracent le cercle matériel dans lequel se murent les nobles efforts de Turgot pour secourir la détresse de ses concitoyens ; mais les mille reflets de cette moralité profonde qui inspirait tous ses actes, et le secret de cette active philanthropie qui ne s’égarait pas dans les champs de l’idéal, il faut les demander aux documents originaux mêmes, parce que nulle part l’aspect de l’homme de bien ne se montre plus en relief que dans ses propres écrits.

(E. D.)

I. INSTRUCTION
SUR
LES MOYENS LES PLUS CONVENABLES DE SOULAGER LES PAUVRES
ET
SUR LE PROJET D’ÉTABLIR DANS CHAQUE PAROISSE DES BUREAUX DE CHARITÉ. (1770[1].)


La misère qu’occasionne parmi les peuples de cette province la rareté des subsistances n’est que trop connue. Il serait superflu d’en tracer le tableau, puisqu’elle frappe de tous côtés les yeux ; et l’on est persuadé que tous ceux qui, par leurs moyens, sont à portée de soulager les pauvres, n’ont besoin que de consulter leur propre cœur pour se porter avec empressement à remplir un devoir que la religion et l’humanité prescrivent. Mais, dans une circonstance où les besoins sont aussi considérables, il importe beaucoup que les secours ne soient point distribués au hasard et sans précaution. Il importe que tous les vrais besoins soient soulagés, et que la fainéantise, ou l’avidité de ceux qui auraient d’ailleurs des ressources, n’usurpe pas des dons qui doivent être d’autant plus soigneusement réservés à la misère et au défaut absolu de ressources, qu’ils suffiront peut-être à peine à l’étendue des maux à soulager. C’est dans cette vue qu’on a rédigé le plan qui fait l’objet de cette instruction.

  1. Cette Instruction doit se rapporter au commencement de 1770, puisqu’elle est relatée dans la Circulaire suivante, qui porte la date du 10 février de la même année. (E. D.)