maines des villes considérables par leur commerce, établissaient sur les principaux abords de ces villes des bureaux de douane où tout ce qui passait payait tribut à leur fisc. Telles étaient les douanes de Lyon et de Valence. Les grandes rivières étaient barrées par des droits connus sous différents noms, comme le Trépas de Loire, la Traite de Charente.
Lorsque les droits étaient excessifs, le commerce se détournait pour les éluder, et se frayait de nouvelles routes. Mais bientôt le fisc imagina de le poursuivre sur ces nouvelles routes, et d’y fixer les mêmes droits. Ainsi les droits de la douane de Valence se lèvent sur tout ce qui traverse la partie du Dauphiné qui est entre l’Italie et les provinces intérieures de la France ; ainsi la traite de Charente se paye sur les marchandises voiturées par terre dans des bureaux fort éloignés de la Charente. Par un renversement d’idées plus étrange encore, on a imaginé de forcer les marchands à passer par un certain lieu pour y payer le droit ; et telle est l’origine de l’obligation imposée à toutes soies étrangères et même nationales de passer par la ville de Lyon, obligation qui subsiste encore en grande partie.
Les grands fiefs ayant successivement été réunis à la couronne, les rois prédécesseurs de Votre Majesté sont entrés successivement aussi en possession de cette multitude de droits ; mais, au milieu des troubles et des guerres qui n’ont cessé d’agiter ou d’épuiser la monarchie, l’administration ne s’est presque jamais crue assez riche pour renoncer à aucune branche de revenus, ni assez libre de soins pour s’occuper de refondre tous ces droits si multipliés, si confus dans leur perception, et souvent nuisibles au produit les uns des autres. On a continué de les percevoir, parce que cela était plutôt fait que de les réformer. La facilité d’engager ou d’aliéner des droits à des particuliers pour des sommes d’argent prêtées au gouvernement, a consolidé de plus en plus le désordre qui s’est perpétué jusqu’à nos jours.
M. Colbert eut le sage projet de convertir tous ces droits en un seul droit mis à la frontière sur les marchandises entrant ou sortant du royaume. L’idée de les supprimer en totalité pour affranchir le commerce, était trop loin des opinions reçues de son temps, pour qu’il pût y penser. C’est dans cette vue qu’il fit travailler au fameux tarif de 1664, une des opérations de son ministère qui lui a fait le