Aller au contenu

Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a jugé à propos de les renvoyer, on ne leur fournira la subsistance que jusqu’à la résidence du subdélégué le plus prochain. Pour qu’ils puissent de là se conduire jusque chez eux, il faudra que vous leur donniez des routes pareilles à celles qu’on donne aux mendiants mis en liberté et renvoyés chez eux avec le secours d’un sou par lieue. Vous ne leur donnerez ce sou par lieue que jusqu’au premier endroit où ils trouveront un subdélégué, et vous vous conformerez à cet égard à ce que je vous ai prescrit par ma lettre du 25 octobre 1768, en vous envoyant mon Instruction du 1er août de cette même année, relative à la suppression de la mendicité[1]. Vous trouverez dans votre paquet un certain nombre de routes en blanc, que vous expédierez à ceux qui vous seront renvoyés des paroisses sur la présentation qu’ils vous feront du certificat prescrit par le paragraphe 25 de ma lettre du 10 février, et par le paragraphe 3 de l’art. Il de l’Instruction.

Je dois vous prévenir encore que, conformément à ce que j’annonce dans ma lettre du 10 février, paragraphe 23, j’ai fait passer à M. de Gilibert les ordres que M. le chancelier et M. de Choiseul m’avaient adressés l’automne dernier pour étendre la capture des mendiants à ceux même qui sont domiciliés. Comme j’étais autorisé à suspendre l’envoi de ces ordres, j’avais différé cet envoi à cause de la misère générale ; mais, dès qu’il aura été pourvu dans chaque paroisse à la subsistance des pauvres du lieu, et que les pauvres étrangers auront été renvoyés chacun chez eux, il n’y aura plus aucun prétexte pour mendier, et ce moment est le plus favorable qu’on puisse prendre pour exécuter complètement les vues du Conseil.

Cependant, je n’ai pas pensé qu’on dût emprisonner indistinctement toutes les personnes qu’on aurait trouvées mendiant : j’ai au contraire mandé à M. le prévôt qu’il convenait de relâcher ceux qui, n’étant point notés comme de mauvais sujets ou des vagabonds incorrigibles, promettraient de ne plus mendier ; et la nouvelle Instruction que je me propose d’envoyer sur ce point à toutes les brigades de maréchaussée, leur prescrit de n’emprisonner les domiciliés arrêtés en mendiant dans l’étendue de leur paroisse, qu’après s’être assurées du commencement de l’exécution du plan projeté

  1. Nous n’avons pu retrouver ni cette lettre du 25 octobre 1768, ni l’instruction qu’elle accompagnait. (Note de Dupont de Nemours.)