quentes des moindres mouvements qu’on observerait sur le banc de Terre-Neuve. C’est un point convenu, et sans doute cette année on suivra la même marche. — On est à portée de savoir en tout temps la quantité de vaisseaux que l’Angleterre a dans ses ports ; le nombre des matelots qu’elle peut rassembler pour les armer dans un temps donné. — On peut savoir quelles sont les forces de terre actuellement restantes en Angleterre, et quel est leur emplacement relativement à la défense de la capitale.
On peut s’en rapporter à la vigilance du ministre de la politique pour le soin de surveiller sans cesse tous ces points. Lui seul peut éclairer Sa Majesté et son Conseil sur ces bases essentielles à constater, afin de prévoir et de mesurer le danger, et de fixer par conséquent ses idées sur les précautions qu’il exige.
Il me semble que, d’après les données actuelles, M. le comte de Vergennes pense que le ministère anglais n’a aucune vue hostile. Il serait difficile de les concilier avec l’espèce d’acharnement qu’il annonce pour pousser la guerre contre les Américains ; avec le peu de troupes qu’il a gardées pour la sûreté de la métropole en cas d’attaque ; avec la nature de ses armements maritimes, qui, quoique nombreux et par conséquent fort dispendieux, ne consistent qu’en frégates ; avec la sécurité qu’il a montrée pour ses possessions des Grandes-Indes, en ne remplaçant pas l’escadre de l’amiral Harland ; on pourrait ajouter, avec la manière dont il s’est montré jusqu’à présent dans l’affaire de la médiation entre l’Espagne et le Portugal, si jamais on pouvait compter sur la bonne foi des politiques anglais, même lorsqu’ils paraissent agir et qu’ils agissent en effet pour le moment avec le plus de franchise. — Le ministère anglais, il est vrai, a parlé depuis peu d’envoyer des vaisseaux aux Indes ; mais cet envoi paraît fort incertain, et suggéré seulement par l’idée que nous envoyions de notre côté des forces considérables à l’Île-de-France.
En combinant toutes ces circonstances, on peut croire avec certitude que le ministère anglais ne veut pas la guerre, et qu’on n’aurait à craindre que les suites d’un changement de ministre. Cet événement est sans doute possible. Cependant, comme il est incertain si à présent les colonies voudraient se contenter d’être remises au point où elles étaient avant 1763, avec toutes les restrictions mises à leur commerce ; comme il n’est pas vraisemblable qu’un ministre