ce plan augmenterait la confiance de l’Espagne et nous exposerait à être entraînés malgré nous dans la guerre.
J’ai conclu qu’il fallait se borner à des précautions moins chères et moins approchantes de l’état d’hostilité. Ces précautions se réduisent à ceci :
1o Observer attentivement tout ce qui peut nous avertir des approches du danger ; observer aux attérages de nos îles et aux entrées du golfe du Mexique : c’est l’objet des croisières, dont parle la lettre de M. le marquis de Grimaldi, et des ordres qui seront donnés aussi, en conformité, aux bâtiments que nous avons dans ces parages ; se procurer des informations fréquentes de ce qui se passe sur le banc de Terre-Neuve ; observer en Angleterre l’état des troupes, celui des armements, la situation du crédit public, celle du ministère ; chercher à connaître ce qui se passe dans les colonies anglaises, en évitant cependant tout ce qui pourrait faire penser que nous y ayons aucun agent direct et caractérisé.
2o Faciliter aux colons les moyens de se procurer, par la voie du commerce, les munitions et même l’argent dont ils ont besoin, mais sans sortir de la neutralité et sans leur donner des secours directs.
3o Rétablir sans éclat nos forces maritimes, remplir nos magasins, réparer nos vaisseaux, nous mettre en état d’armer promptement, lorsqu’il en sera besoin, une escadre à Toulon, et successivement une à Brest, pendant que l’Espagne en armerait une au Ferrol.
4o Dans le cas où nous aurions des motifs fondés de craindre un danger plus imminent, armer effectivement ces escadres, mais sans les faire sortir.
5o Dans le cas où tout se disposerait à une guerre prochaine, rassembler des troupes nombreuses sur les côtes de l’Océan, et tout disposer pour une expédition en Angleterre, afin d’obliger cette puissance à recueillir ses forces ; puis profiter du moment pour envoyer des troupes et des vaisseaux soit dans nos colonies, si on le jugeait nécessaire, soit dans l’Inde, où nous nous serions préparés d’avance des moyens, d’un côté en pratiquant des liaisons avec les naturels du pays, de l’autre en perfectionnant l’établissement de nos îles de France et de Bourbon.
Comme une partie de ces précautions même entraînerait encore des dépenses assez considérables, je crois essentiel de ne rien pré-