Aller au contenu

Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/624

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mieux ranger les choses sous leur vrai titre, et donner 1o une histoire universelle raisonnée ; 2o une géographie politique qui en serait la suite ; 3o un traité du gouvernement, qui renfermerait ce que j’appelle la théorie de la géographie politique ?

Esquisse d’un plan de géographie politique.

L’idée générale du globe terrestre considéré comme habitable ; de la diversité des terrains et de leur fertilité ; des plaines, des vallées, de leurs divisions et des bornes naturelles qui les ont occasionnées ; des communications plus ou moins faciles entre certaines limites ; des obstacles plus ou moins insurmontables qu’y met la nature ; ruisseaux, rivières, fleuves, mers, coteaux, montagnes, chaînes de montagnes, finages, cantons, territoires, provinces, régions, grands continents. — Description géographique du globe sous ce point de vue, ou mappemonde, telle que pourrait la dresser un habitant de la lune avec de bons télescopes.

Deuxième point de vue du globe, considéré par zones et par climats : par rapport à la différente action du soleil, aux différentes lois que suivent les variations du froid et du chaud. Effets généraux et non contestés de ces lois sur la terre considérée en tant qu’habitable. Idée générale de la manière dont les hommes ont pu être épars sur la surface du globe, en supposant qu’ils soient partis d’un centre unique, ou en admettant qu’ils ont été, dès l’origine, répandus en plusieurs lieux : les deux hypothèses doivent produire à peu près les mêmes effets. Vue des habitants du globe ainsi dispersés, et des nations isolées par leur ignorance au milieu des nations. Rapport du nombre d’hommes dans un espace donné aux productions de cet espace. Considérations générales sur la population des États, sur les progrès passés et futurs du genre humain. Rapport de ces productions à la manière de vivre des hommes. Premier état où l’on doit supposer à cet égard les habitants du globe. Pour expliquer ce que nous voyons, un philosophe doit remonter jusqu’à cet état de barbarie au delà duquel le genre humain n’aurait pu subsister. Supposition des hommes distribués par familles vivant de ce que le hasard leur offre, fruits, insectes, animaux.

Première mappemonde politique, ou division du monde habité par rapport aux différentes espèces d’hommes : blancs, noirs, rouges, Lapons, Celtes, Tartares, Chinois, Maures, Levantins, Indiens, Malais.

Des changements successifs dans la manière de vivre des hommes, et de l’ordre dans lequel ils se sont suivis : peuples chasseurs, pasteurs, laboureurs.

Des causes qui ont pu retenir plus longtemps certains peuples dans l’état de chasseurs, puis de pasteurs. Des différences qui résultent de ces trois états, par rapport au nombre des hommes, aux mouvements des nations, aux facilités plus ou moins grandes de surmonter les barrières par lesquelles la nature a pour ainsi dire assigné aux différentes sociétés leur part sur le globe terrestre, aux communications, aux mélanges des peuples plus ou moins faciles.

Comment les petites sociétés resserrées entre certaines bornes ont, par des mélanges plus fréquents, contracté un caractère, une langue, des mœurs, peut-être même une figure commune, qui forment des nations ; comment des mélanges un peu moins fréquents, renfermés entre des limites plus étendues, mais plus difficiles à franchir, ont donné à ces nations entre elles