fallait joindre au projet de transporter la capitale de l’empire, celui de conquérir le nord de l’Europe et de ne laisser à l’empire aucun ennemi à craindre. D’un autre côté, que le projet de César, de commencer par vaincre les Parthes avant les Germains, était une faute s’il voulait faire plus qu’Antoine. — Que Julien fit dans la guerre des Perses une faute plus grande encore, et dont l’empire ne s’est point relevé. — Que la translation de l’empire à Constantinople détermina la division absolue des deux empires d’Orient et d’Occident.
Nouvel élément introduit du temps de Constantin dans les problèmes de la géographie politique. La religion.
Considérations sur les premières religions des hommes. De l’idolâtrie ; des dieux tutélaires ; de la compatibilité de tous les dieux et de tous les cultes. Idée de la manière dont les peuples s’en rapportaient à la parole les uns des autres sur leurs dieux ; comment les Latins attribuaient à Neptune les aventures de Ποσειδῶν. Une pareille religion pouvait bien quelquefois être un instrument dans les mains de la politique pour encourager les peuples : mais sa variété était trop uniforme pour être considérée dans la géographie politique, du moins en grand ; car il y a quelques exemples de guerres entreprises par les anciens pour venger la sainteté d’un temple violé. Ces profanations de temples n’étaient qu’une injure ; les peuples se battaient pour leurs dieux comme nos chevaliers pour leurs dames. Guerre sacrée contre les Phocéens, en vertu d’un décret des amphictyons. — Mais en général la religion était partout la même, les dieux seuls étaient différents ; et si leurs cultes s’étendaient quelquefois, c’était en se mêlant et non en se chassant réciproquement des contrées où ils étaient reçus.
Deuxième espèce de religions. Religions exclusives de tout autre culte ; ou elles furent l’ouvrage des législateurs, et en ce cas elles furent bornées à l’étendue d’une nation, et devinrent un mur de séparation entre elle et ses voisins, comme la religion judaïque, et n’eurent pas une grande influence sur la géographie politique ; ou elles n’eurent d’objet que la vérité, comme quelques sectes de philosophie, et seulement alors elles devinrent une sorte d’injure faite au reste du genre humain : les religions chrétienne, mahométane, et peut-être encore d’autres.
Chercher ce que c’est que la secte des lamas, celle des mages, celle des talapoins et celle des brames. — Ces sortes de religions se subdivisent encore.
— Ou elles se bornent à n’être que de simples sectes, à n’éclairer qu’un petit nombre d’hommes choisis dans une nation, sans entreprendre d’éclairer tous les hommes, et en laissant subsister tout l’appareil extérieur du culte établi. Telles ont été les sectes des philosophes. — Ou elles ont été animées de l’esprit de conversion, elles ont eu pour but tous les hommes et toutes les nations. — C’est alors seulement qu’elles entrent dans la géographie politique.
La religion chrétienne paraît être la première qui ait mérité d’y entrer.
— Des sectes dans lesquelles elle s’est partagée.
La religion mahométane l’a suivie ; car les autres sectes dont j’ai parlé plus haut sont trop peu connues, et ont produit des effets trop éloignes de nous pour offrir une grandi ; matière à nos spéculations. En généra] même, autant que je puis me rappeler leur histoire, ces sectes n’ont guère produit de révolutions, et elles ont été plus occupées à se défendre contre l’oppression des mahométans qu’à s’établir dans de nouveaux pays et à s’y troubler