qu’y joignirent plusieurs particuliers, et en faisant plusieurs fois la navette avec le produit des grains vendus, on parvint à subvenir jusq’à la récolte aux besoins du peuple. Comme je n’ai point exigé un compte détaillé des achats et des ventes de la part de ceux qui ont remis les sommes avancées au terme marqué, je ne suis point en état de vous dire avec précision la quantité de grains que cette opération a procurés au peuple de cette généralité ; mais je suis assuré que les achats ont au moins surpassé trois fois la somme avancée.
Je ne dois pas au surplus vous dissimuler que la totalité de cette avance n’est point rentrée. Quelques-uns de mes subdélégués, malgré les instructions que je leur avais données de veiller à ce que les grains provenant de ce commerce ne fussent livrés que pour de l’argent comptant destiné à être employé sur-le-champ à de nouveaux achats, n’ont pas pu résister à un mouvement de commisération qui les a engagés à faire donner des grains à des particuliers hors d’état de payer, et à leur faire crédit jusqu’à la récolte suivante. Malheureusement, la récolte de 1770 ayant encore été très-mauvaise, ces particuliers n’ont pas été plus en état de payer, et la plus grande partie de ces prêts n’est point encore rentrée. Il ne sera peut-être pas impossible d’en recouvrer dans la suite une petite partie ; mais il n’y faut pas beaucoup compter, et je regarde l’objet de ces prêts faits à de pauvres gens comme presque entièrement perdu. Au surplus, s’il en rentre quelque chose, on en portera le montant en recette dans le compte des opérations de 1772.
À cette perte sur les grains prêtés il faut ajouter une somme qui a été prise sur les fonds prêtés à la ville de Chalus, et qui a été donnée à M. le marquis du Masnadau, que j’avais engagé à faire porter au marché, dans un moment de crise, le seigle qu’il avait pour la provision de sa maison et des colons de ses différents domaines. Je lui avais promis de lui remplacer ce seigle en grain de la même espèce et de la même valeur. On ne put lui rendre que des grains du Nord, d’une qualité fort inférieure au seigle du pays qu’il avait fourni. Il a été juste de le dédommager de cette différence de valeur, et cette indemnité, montant à 650 liv., a formé, avec le défaut de rentrée de la valeur des grains livrés à crédit, une perte de 10,633 I. sur les 28,000 que j’avais avancées aux différentes villes.
Les dernières cargaisons demandées à Dantzick arrivèrent un