Aller au contenu

Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le domestique disparut. Hendon courut après lui et franchit d’un bond l’escalier extérieur de l’hôtellerie.

— C’est cet infâme gredin qui aura fait le coup. Ne se disait-il point son père ? Pauvre petit, cher maître, mon roi bien-aimé, je t’ai perdu… Ah ! je ne puis y penser sans frissonner, je l’aimais tant ! Non, par les saints Évangiles, non, tu n’es pas perdu. Je te retrouverai quand je devrais remuer ciel et terre ! Pauvre enfant ! Et notre déjeuner qui nous attend ! Je n’ai plus faim, les rats s’en régaleront. Ah ! que ne puis-je aller plus vite !

Il se glissait comme une couleuvre à travers les groupes compacts qui étaient massés sur le pont, et pendant qu’il avançait pas à pas, il murmurait :

— Il est parti en grommelant, mais il est parti ; et pourquoi cela ? Uniquement parce qu’il croyait que Miles Hendon le faisait appeler, pauvre chéri ; sans cela, il ne l’aurait pas fait ; non certes, il ne l’aurait pas fait ; j’en suis sûr, oh ! bien sûr !