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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/121

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CHAPITRE XIV.

LE ROI EST MORT ! VIVE LE ROI !


Le même jour, à l’aurore, Tom Canty était sorti d’un profond sommeil et avait ouvert les yeux dans l’obscurité. Il resta quelques moments silencieux, immobile, tâchant de rassembler ses pensées et ses souvenirs, pour se rendre plus ou moins compte de tout ce qui lui était arrivé ; puis il s’écria, mais avec un certain trouble :

— Oh ! oui, je vois ce que c’est, je vois ce que c’est ! Dieu soit loué, je suis enfin éveillé. Vive la joie ! Adieu les soucis ! Hé ! Nan, Bet ! Ramassez votre paille et arrivez vous coucher ici. Que je vous dise à l’oreille ce que vous ne croirez jamais, le rêve le plus fou que jamais les esprits de la nuit aient fait entrer dans une cervelle. Hé ! Nan ! hé ! Bet !

Une vision indistincte apparut à son chevet, et une voix lui dit :

— Daignez, sire, me donner vos ordres.

— Mes ordres… Attendez. Il me semble que je vous connais. Parlez. Qui êtes-vous ? Qui suis-je ?

— Qui vous êtes, sire ? Hier, vous étiez le prince de Galles ; aujourd’hui vous êtes notre très gracieux souverain et suzerain, Édouard, roi d’Angleterre.