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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/151

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des soupçons, qui ont été bientôt confirmés et justifiés par des faits. En particulier, il est manifeste que, par le pouvoir occulte ainsi obtenu, elles ont évoqué et provoqué un orage qui a dévasté toute la contrée. Quarante témoins ont vu l’orage et l’ont attesté ; et l’on en aurait certainement trouvé mille, car tout le pays en a souffert.

Tom ne pouvait contester la scélératesse d’un tel acte, mais la gravité de la sentence ne cessait de le troubler.

— Ont-elles souffert aussi de cet orage ? demanda-t-il ?

Il y eut un mouvement de surprise dans l’assemblée. Quelques têtes chauves se rapprochèrent ; plusieurs des assistants convinrent que la question était subtile et sagace. Le sous-shérif, lui, ne vit point où Tom voulait en venir. Aussi répondit-il simplement :

— Certes, sire, elles en ont souffert, et plus cruellement que le reste du village. Elles ont eu leur maison détruite, tous leurs biens perdus, elles sont restées sans asile.

— Il me semble que cette femme a été tout d’abord punie de son méfait par le mal qu’elle en a éprouvé, et qu’elle a été trompée au marché qu’elle a fait, n’eût-elle payé qu’un farthing ; mais avoir vendu son âme et celle de son enfant pour avoir un pareil résultat, voilà qui me paraît impossible, à moins qu’elle ne soit folle. Or, si elle est folle, elle ne sait pas ce qu’elle fait, et si elle ne sait pas ce qu’elle fait, elle n’est pas coupable.

Les têtes chauves se rapprochèrent pour la seconde fois.

— Si le Roi est fou, dit quelqu’un, comme on en