Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/153

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lueur d’espérance. Tom s’en aperçut, et il se sentit attiré davantage vers cette malheureuse exposée avec une petite fille de neuf ans à une situation aussi terrible et pour ainsi dire sans remède.

— Comment ont-elles fait pour provoquer l’orage ? demanda-t-il.

Elles ont tiré leurs bas, sire.

Tom ne comprit point. Sa curiosité était vivement allumée.

— C’est étrange, dit-il avec un geste d’incrédulité. Est-ce que cela arrive toujours ? Est-ce qu’il y a toujours un orage, quand cette femme tire ses bas ?

— Toujours, sire, du moins si telle est la volonté de la femme, et si elle prononce les mots cabalistiques par pensée ou par parole.

Tom fit un bond sur son siège, et étendant le bras vers la femme, d’une voix impérieuse il commanda :

— Tire tes bas, exerce ton pouvoir, je veux voir un orage.

Il y eut un mouvement d’effroi et de recul dans l’assemblée ; tous les visages pâlirent. Personne n’osait parler, mais il était manifeste que tout le monde aurait voulu prendre la fuite. Quant à Tom, il ne paraissait guère s’inquiéter du cataclysme qu’il exigeait de produire. Il avait attaché sur la femme de grands yeux étonnés, et il lui disait avec animation :

— Ne crains rien, il ne te sera fait aucun reproche. Bien plus, tu seras libre, personne ne te molestera. Tire tes bas, exerce ton pouvoir.

— Oh ! mylord Roi, supplia la femme, je n’ai point de pouvoir, je n’ai point commerce avec les esprits. J’ai été faussement accusée.