Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/158

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grande démonstration de joyeux accueil, tandis que tous ceux qui sont dans les tribunes ou galeries se tiennent debout en criant : « Dieu sauve le Roy ! » Après lui viennent les nobles attachés à sa personne, et à sa droite et à sa gauche marchent sa garde d’honneur et ses cinquante gentilshommes avec des haches de combat en fer doré. »

Le coup d’œil était admirable. Tom sentait son cœur se dilater et ses yeux flamboyaient de joie. Il se tenait bien droit et il était d’autant plus gracieux qu’il ne songeait point à le paraître. Son esprit était tout entier attaché au magnifique spectacle qu’il avait devant lui. Du reste, il portait avec aisance son splendide costume : depuis quatre jours qu’on ne cessait de lui mettre de riches habits, selon les exigences du cérémonial, il avait eu le temps de s’accoutumer à ce nouveau luxe.

En outre, Tom savait maintenant ce qu’il avait à faire ; il se souvenait des instructions de son oncle et des avis secrets de son enfant du fouet. Lorsqu’il fut arrivé sur l’estrade royale, il inclina légèrement sa tête couverte d’un grand chapeau à plumes, et avec un geste plein de courtoisie il prononça ces paroles :

— Je vous remercie, mon bon peuple !

Ensuite il s’assit sans ôter son chapeau et sans montrer le moindre embarras ; car les Canty et les rois d’Angleterre avaient toujours eu cela de commun qu’ils mangeaient les uns et les autres la tête couverte. Sous ce rapport, il eût été difficile de dire qui, des rois d’Angleterre ou des Canty, montrait le plus de sans-gêne. Le cortège s’arrêta, et ceux qui le composaient se disposèrent dans la salle en groupes pittoresques, avec cette seule