Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/188

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lorsqu’il serait seul. Il remarqua aussi une pile de couvertures de cheval, qu’il se proposa de mettre à profit en les réquisitionnant pour le service de la Couronne d’Angleterre.

Lorsque les valets eurent achevé ce qu’ils avaient à faire, ils se retirèrent en fermant la porte derrière eux et emportèrent la lanterne.

Le roi sortit tout grelottant de sa cachette, marcha à tâtons vers la place où il avait aperçu les couvertures, les trouva après quelques recherches, et les prenant sous son bras il se dirigea vers la stalle, où il arriva sain et sauf. Il se servit de deux couvertures en guise de matelas et s’entortilla dans les autres.

Jamais roi d’Angleterre n’avait été plus heureux. Le lit n’était pas de plume, il est vrai ; les couvertures étaient minces, usées, elles avaient une odeur de cheval nauséabonde qui, en toute autre occasion, eût singulièrement affecté les narines royales, mais tous ces inconvénients, il ne les apercevait point. N’était-il pas au comble de la félicité ? Il avait enfin trouvé un gîte.

Le roi était affamé et glacé, mais il était aussi accablé de fatigue et de sommeil. Or, le besoin de repos est plus impérieux que le besoin de nourriture. Il ne tarda point à le constater : ses paupières se fermèrent, ses membres se raidirent, et il se trouva bientôt plongé dans cet état d’inconscience qui prélude à l’assoupissement des sens.

Il allait s’endormir tout à fait, lorsqu’il sentit distinctement qu’on le touchait. Il se redressa en sursaut et voulut crier ; mais il suffoquait. Tout son sang reflua vers son cœur. Ce contact mystérieux, quelle en pouvait être la cause ?

Il demeura cloué sur place, la tête tendue, n’o-