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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/189

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sant point respirer. Rien ne bougeait auprès de lui. Aucun bruit n’interrompit le silence qui régnait dans la grange. Il écouta encore, l’oreille dressée.

Il resta longtemps dans cette attitude. Tout était immobile et muet. Trahi par ses forces, il se laissa enfin retomber sur son lit improvisé ; il céda au sommeil. Mais soudain il sentit de nouveau l’étrange contact. C’était quelque chose d’affreux de se voir ainsi touché par quelqu’un d’invisible.

Le pauvre enfant avait l’âme violemment agitée. Que faire ? Que résoudre ? Fallait-il abandonner cet asile où il était si bien, et, pour échapper à l’horreur de cette situation indéfinissable, prendre la fuite ? Mais où fuir ? Et comment ? La porte de la grange était fermée. Il lui faudrait donc errer à l’aveugle çà et là dans les ténèbres, emprisonné entre ces quatre murs, poursuivi par l’affreux spectre qui à chaque mouvement lui frôlait la joue ou l’épaule, dans ses attouchements moites et doux. Cela était intolérable.

Lui serait-il possible d’endurer toute la nuit ces angoisses, pires que les affres de la mort ? Non, non, il fallait en finir, dût-il aller au-devant du trépas ! Il fallait, oui il le fallait, s’armer de courage et étendre la main, saisir l’objet mystérieux.

Certes, la solution était facile à imaginer, mais du plan à l’exécution il y avait tout un monde. Trois fois il porta la main en avant, doucement, tout doucement ; il la retira aussitôt, avec un cri étouffé ; non qu’il eût rencontré un obstacle, mais parce qu’il avait la certitude que l’obstacle était là.

Une quatrième fois, il se risqua un peu plus loin. Alors sa main heurta délicatement quelque chose de doux et de chaud. Il se rejeta en arrière, palpitant d’effroi. Sa raison bouleversée, éperdue, lui fit