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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/193

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CHAPITRE XIX.

LES PAYSANS.


Le roi s’éveilla de bon matin. Un rat tout trempé s’était glissé dans le lit pendant la nuit. Il avait trouvé le nid chaud et s’était pelotonné sur la poitrine de l’enfant.

Le roi fit un mouvement et le rat détala.

— Pauvre bête, dit le roi en souriant, pourquoi te fais-je peur ? Ne suis-je pas aussi misérable que toi ? J’aurais honte de te faire du mal, pauvre être sans défense ; ne suis-je pas sans défense moi-même ? Je te sais gré, au contraire, de l’heureux présage que tu m’annonces. Un roi qui sert de nid aux rats ne doit pas s’attendre à de plus grandes infortunes ; je puis espérer maintenant un sort meilleur ; car je ne saurais tomber plus bas.

Il se leva et sortit de l’étable. Tout à coup il entendit des voix d’enfants. La porte de la grange s’ouvrit et livra passage à deux petites filles qui causaient avec animation. À sa vue, elles cessèrent de parler et de rire. Elles s’arrêtèrent, regardèrent, tout intriguées, marmottèrent quelques syllabes, approchèrent, puis s’arrêtèrent encore, les yeux grands ouverts.

Peu à peu elles se sentirent enhardies et se communiquèrent leurs impressions avec plus d’assurance.