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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/227

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Ils se reposaient sur le hasard. Ce fut Hugo qui se trouva favorisé le premier.

Une femme arrivait derrière eux. En tournant la tête, Hugo vit qu’elle portait un gros paquet dans un panier.

Les yeux du gredin eurent un éclair de joie.

— Mort de ma vie ! dit-il, si je puis lui mettre ça sur le dos, mon affaire sera dans le sac. Dieu te garde, Roi des Coqs de combat !

Il ralentit le pas sans avoir l’air de rien, mais dévoré par la soif de la vengeance.

La femme passa devant eux.

Le moment était arrivé.

— Attends-moi ici, dit-il rapidement à voix basse.

Et sans s’occuper de la réponse, il s’élança à la poursuite de la femme.

Le roi n’avait pas répliqué. Son cœur débordait de joie. Pour lui aussi l’heure tant souhaitée venait de sonner. Il allait pouvoir fuir, car il était probable que Hugo serait entraîné assez loin dans sa course. Le sort en avait décidé autrement.

Hugo se glissa derrière la femme, enleva prestement le paquet, le roula dans une vieille couverture qu’il portait sur le bras et revint sur ses pas en courant.

La femme ne s’était pas aperçue du vol sur le moment même, mais, sentant sa charge moins lourde, elle avait jeté un regard dans son panier, puis elle avait poussé un cri.

Hugo avait lancé le paquet dans les bras du roi, en lui criant :

— Suis-moi et crie : Au voleur ! aie soin de détourner du chemin ceux qui courront après toi.

Hugo s’était précipité dans un chemin de traverse