Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/26

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— Quinze ans, messire.

— Lady Élisabeth, ma sœur, en a quatorze, et lady Jane Grey, ma cousine, a mon âge, et elle est bien gentille et bien aimable ; mais ma sœur, lady Mary, avec sa mine toujours renfrognée et… Dis-moi, est-ce que tes sœurs défendent à leurs femmes de chambre de sourire, parce que c’est un péché qui causerait la perdition de leur âme ?

— À leurs femmes de chambre ? Oh ! messire, vous croyez donc qu’elles ont des femmes de chambre ?

Le petit prince contempla gravement le petit pauvre ; puis d’un air intrigué :

— Pourquoi pas ? dit-il. Qui les déshabille quand elles se couchent ? Qui les habille quand elles se lèvent ?

— Personne, messire. Vous voulez qu’elles ôtent leur robe et couchent toutes nues, comme les bêtes ?

— Ôter leur robe ! Elles n’en ont donc qu’une ?

— Ah ! mon bon seigneur, que feraient-elles de deux ? Elles n’ont pas deux corps.

— Tout cela est fort drôle, fort surprenant. Pardonne-moi, je n’ai pas voulu me moquer de toi. Tes braves sœurs Nan et Bet auront des robes et des femmes de chambre, et cela tout de suite ; mon trésorier s’en chargera. Ne me remercie pas, il n’y a pas de quoi. Tu parles bien, ta franchise me plaît. Es-tu instruit ?

— Je ne sais pas, messire. Un bon prêtre, qu’on appelle le Père André, m’a laissé lire ses livres.

— Sais-tu le latin ?

— Un peu, messire ; pas trop bien, je commence.

— Continue à l’apprendre, petit ; il n’y a de difficile que les premières règles. Le grec donne plus de