Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le vieillard continua :

— Sir Hughes doit assister au couronnement. Il nourrit secrètement l’espoir d’être élevé à la pairie, car il est en grande faveur auprès du Lord Protecteur.

— Quel Lord Protecteur ? demanda le roi,

— Sa Grâce le duc de Somerset.

— Quel duc de Somerset ?

— Mais il n’y en a qu’un, ce me semble, Seymour, comte de Hertford.

Le roi eut un geste d’étonnement et de colère.

— Depuis quand cet homme est-il duc et Protecteur ? interrogea-t-il avec sévérité…

— Depuis le trente et un janvier.

— Et qui l’a fait duc et Protecteur, je vous prie ?

— Il a pris ce titre et cette dignité avec l’agrément du grand conseil et du Roi.

— Du Roi ? De quel roi ? s’écria l’enfant, l’air interdit.

— Comment ? de quel roi ! Et qu’est-ce que cela peut bien te faire à toi, petit ? Combien crois-tu donc que nous ayons de rois en Angleterre ? De quel roi ? Eh ! parbleu ! de notre très sacré souverain Édouard VI, que Dieu l’ait en sa sainte garde ! Un charmant petit garçon, dit-on, tout plein de qualités, quoique… mais, qu’il soit fou ou non — et l’on affirme que son état s’améliore de jour en jour — tout le monde fait son éloge, on le couvre de bénédictions, on supplie le Ciel de le conserver pendant de longues années à son peuple, dont il est appelé à faire le bonheur et la prospérité, car il a inauguré son règne par un acte d’humanité en faisant grâce de la vie au vieux duc de Norfolk, et depuis le peu de temps qu’il a succédé à son père, le terrible Henri VIII, il a déjà