Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/266

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de n’être qu’un faussaire. On racontait aussi des choses effrayantes de la tyrannie de Hughes à l’égard de sa femme et de ses serviteurs ; et l’on s’accordait à reconnaître que, depuis la mort de sir Richard, l’héritier de Hendon Hall avait jeté le masque et était devenu le plus cruel et le plus impitoyable des maîtres, rançonnant et faisant périr de faim ceux de ses vassaux et de ses serfs qu’il ne pendait pas.

De tout ce que disait Andrews, le roi n’écouta qu’une phrase :

— On assure, avait dit le vieillard, que le Roi est fou. Mais, de grâce, n’ayez pas l’air de le savoir, car il y a peine de mort pour qui touche ce sujet.

Le roi eut un soubresaut et fixant ses yeux sur Andrews :

— Le Roi n’est pas fou, brave homme, dit-il avec indignation. Et je vous conseille de vous mêler de ce qui vous regarde et de ne point vous livrer à des propos insensés qui pourraient vous coûter cher.

— Que veut dire ce petit ? demanda Blake, un peu vexé de se voir morigéner par un enfant, qu’il ne connaissait point et qu’il avait jusqu’alors comblé de prévenances.

Miles Hendon lui fit un signe d’intelligence.

Sans se soucier davantage de l’interpellation royale, Andrews poursuivit :

— Le feu roi doit être enterré à Windsor dans une couple de jours, le 16 de ce mois, et le nouveau roi doit être couronné à Westminster le 20.

— Il me semble qu’avant de couronner le Roi il faut l’avoir retrouvé, murmura l’enfant. Puis il ajouta à part lui :

— Mais on va s’en occuper, et j’y veillerai…