Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/296

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la Reine portait au doigt une bague de mariage d’une dimension prodigieuse, de manière à la rendre bien apparente. Sur chacune des deux roses passait une tige qui se réunissait et montait à un étage plus élevé occupé par Henri VIII sortant d’une rose rouge et blanche, et ayant à côté de lui Jane Seymour, la mère du nouveau Roy. Une tige s’élançait de la rose rouge et blanche, s’enlaçant autour de Jane Seymour et montait à un troisième étage où brillait l’image d’Édouard VI lui-même, assis sur son trône au milieu de la pompe royale. L’arc de triomphe était, de la base au faîte, semé de roses rouges et blanches. »

Cette ingénieuse et subtile allégorie répondant aux goûts de l’époque souleva, au passage du cortège, un tonnerre d’acclamations, qui étouffa la voix de l’enfant chargé d’expliquer le sens de cette merveille en un poème élogieux composé par un poète illustre. Mais Tom Canty n’était pas fâché de ne pas entendre ce qui se disait : les cris du peuple, quelque discordants qu’ils fussent, lui paraissaient bien plus harmonieux que la plus suave des poésies. De quelque côté que Tom tournât son visage rayonnant de joie, le peuple reconnaissait la parfaite ressemblance de l’image peinte sur l’arc de triomphe avec l’original, et cette constatation, faite à haute voix par des milliers de témoins, soulevait de nouveaux tonnerres d’applaudissements.

Le cortège avançait toujours. Les arcs de triomphe se succédaient de rue en rue. Aux fenêtres et aux balcons des maisons on voyait partout des tableaux symboliques, on lisait des quatrains, des acrostiches, des anagrammes, des chronogrammes,