Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/307

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royale, et se demandant sans doute quel était, parmi tous ces beaux seigneurs, celui qui placerait sur leur tête la couronne enrichie de joyaux, sans déranger leur coiffure, arrangée, il est vrai, avec un art particulier pour que l’échafaudage ne s’écroulât point.

Le « coin des pairesses », qu’on eût pu appeler aussi le « coin des diamants », devenait plus splendide d’instant en instant, à mesure que la clarté devenait plus vive dans le transept. À neuf heures, les nuages qui voilaient le soleil se dissipèrent, des faisceaux de lumière blanche descendirent de la voûte et tombèrent sur les têtes, qui parurent prendre feu.

Alors il y eut dans l’assistance comme une commotion électrique, et la sainteté du lieu ne put empêcher un immense murmure de surprise et d’admiration : un envoyé spécial d’un des souverains de l’Extrême-Orient s’avançait parmi les ambassadeurs étrangers et traversait le faisceau de lumière ; il semblait enveloppé de flammes, tant il était constellé, des pieds à la tête, de pierres et de perles fines ; et à chaque mouvement qu’il faisait, des gerbes de feu jaillissaient de son corps.

Une heure se passa, puis encore une heure, puis une troisième heure, une quatrième, une cinquième ; puis on entendit une formidable décharge d’artillerie. Le cortège royal venait de faire halte à l’entrée principale de l’abbaye. Au-dehors une immense clameur, à l’intérieur un bourdonnement confus annoncèrent que la cérémonie était près de commencer.

Cependant on savait qu’il y avait encore à prendre patience ; car le roi devait revêtir le manteau du couronnement ; mais cette dernière attente fut moins cruelle, parce que la curiosité trouva un aliment dans