Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/308

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l’entrée solennelle des pairs du royaume, conduits en grande pompe à leurs sièges, auprès desquels reposaient sur des tabourets leurs couronnes seigneuriales. Dans les galeries et aux balcons, on se montrait les ducs, les barons, dont les noms historiques illustraient les annales du pays depuis cinq cents ans.

Quand les pairs eurent pris place, on vit apparaître les hauts dignitaires de l’Église, en longue robe couverte d’ornements, le front ceint d’une mitre. Ils allèrent s’asseoir sur une estrade réservée.

Puis on vit le Lord Protecteur et les grands-officiers de la Cour, puis les hommes d’armes en cotte de fer.

Il y eut un long temps de silence.

Tout à coup, une sonnerie de trompettes ébranla l’édifice, et Tom Canty, revêtu d’un long manteau de drap d’or bordé d’hermine, apparut à la porte d’entrée.

L’assemblée s’était levée.

Il posa le pied sur la première marche du trône.

La cérémonie de l’inauguration commençait.

L’abbé de Westminster entonna d’une voix claire et profonde une hymne sacrée.

Les hérauts proclamèrent et saluèrent l’avènement du nouveau règne.

Tom Canty gravit les trois autres marches du trône, et, debout, il regarda l’assistance et inclina la tête.

Tous les yeux étaient fixes, toutes les respirations suspendues.

Tom Canty était pâle, affreusement pâle ; sa main posée sur sa poitrine semblait comprimer les battements de son cœur. Il eût voulu l’arracher, tant étaient douloureux les reproches de sa conscience.