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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/326

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Il résolut d’aller trouver le vieux sir Humphrey Marlow, de lui emprunter quelque monnaie de poche, et puis de voir ce qu’il y aurait à faire, car il serait toujours temps de se décider, une fois en possession du nerf de la guerre.

Il était près de onze heures quand il arriva aux abords du palais, et quoiqu’il vît beaucoup de gens se rendre dans la même direction, il ne put empêcher que son costume le mît en évidence. Il regarda tout le monde sous le nez, désirant rencontrer quelqu’un de mine assez charitable pour se charger de remettre un mot d’écrit au vieux lieutenant, car Miles ne pouvait avoir la prétention de pénétrer dans l’intérieur du palais.

En ce moment l’enfant du fouet passa devant lui, se retourna tout d’une pièce, le toisa, l’examina comme il eût fait d’une bête curieuse, et se dit :

— Si ce n’est pas là le vagabond dont Sa Majesté se met si fort en peine, je veux être un âne bâté, ce qui ne changerait pas beaucoup mon sort, il est vrai, car l’âne ne saurait être plus battu que moi. Par ma foi, l’individu répond au portrait, sans qu’il y manque une guenille. Dieu ne fait pas deux gueux comme ça, et ne prodigue pas les miracles de ce genre en les répétant. Tâchons de trouver une excuse pour le faire parler.

Miles Hendon lui épargna cette peine ; il s’était retourné lui-même, et avait, depuis cinq minutes, observé et inspecté l’enfant, comme on fait généralement quand on se sent magnétisé par quelqu’un qu’on a sur ses talons.

L’enfant lui parut abordable ; il fit un pas vers lui et dit :