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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/328

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Sans autres explications, Miles fut arrêté comme suspect de rôder aux abords du palais, sans doute pour faire un mauvais coup.

Les choses prenaient une tournure imprévue et peu rassurante. Le pauvre Miles voulut s’expliquer, mais l’officier lui imposa brutalement silence et dit à un de ses hommes de le désarmer et de le fouiller.

— Dieu veuille qu’ils trouvent quelque chose dans mes poches, se dit Miles, j’ai eu beau fouiller, moi : je n’en ai pas retiré un farthing, et pourtant Dieu sait si j’en ai plus besoin qu’eux.

On ne trouva rien qu’un chiffon de papier. L’officier le déploya, et Hendon sourit quand il reconnut les pattes de mouche tracées par son petit ami le jour de cette sinistre aventure à Hendon Hall.

L’officier lut ce qui était écrit sur le papier, et son visage devint tout sombre ; tandis que le visage de Miles devenait au contraire tout pâle.

— Encore un prétendant au trône ! s’écria l’officier. C’est le jour, paraît-il, où ils font nichée comme les lapins. Saisissez-moi ce coquin et ne le lâchez pas. Vous me répondez de lui sur vos têtes, en attendant que j’aie porté ce papier au palais et que je l’aie fait remettre au Roi.

Il partit en courant, laissant Miles aux griffes des hallebardiers qui le couvaient des yeux comme des oiseaux de proie.

— C’en est fait de moi, murmurait Hendon, ma malechance ne saurait être plus cruelle. Décidément je suis né sous une mauvaise étoile. Je vais faire le grand saut et danser au bout d’une corde, c’est sûr, et tout cela pour des pattes de mouche. Et que deviendra mon pauvre petit fou ? Le bon Dieu seul le sait !