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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/329

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L’officier revint presque aussitôt. Il courait plus vite encore.

Miles prit son courage en brave, et s’il n’eût pas eu les deux mains retenues par les hallebardiers, il les eût sans aucun doute portées à son cou, pour s’assurer si la corde n’y était pas déjà mise.

L’officier commanda :

— Lâchez le prisonnier et rendez-lui sa rapière.

Puis il s’inclina respectueusement et dit :

— Daignez me suivre, messire.

Hendon obéit, en se disant à part lui :

— Si je n’étais pas en route pour le grand voyage qui mène de vie à trépas, et si ce n’était pas le moment plus que jamais de s’abstenir de péché, je tordrais le cou à ce misérable, pour lui apprendre à se moquer de moi.

Ils traversèrent la cour du palais, où il y avait une affluence considérable de gentilshommes en grand apparat. Ils montèrent le grand escalier du palais ; puis l’officier, avec une autre révérence plus profonde encore que la première, confia Hendon à un gentilhomme beau comme une châsse, qui se plia également en deux avec respect, pria Miles de l’accompagner, marcha devant, traversa une grande salle où se trouvait une haie de gens de service en splendide livrée qui se plièrent aussi respectueusement en deux sur leur passage et, quand ils furent passés, mirent la main sur leur bouche pour étouffer les rires provoqués par l’aspect de ce singulier personnage assez semblable à un épouvantail à moineaux. Ils gravirent les larges marches d’un somptueux escalier, où s’échelonnaient des gens si magnifiquement costumés qu’ils paraissaient tous des pairs du royaume ; et ils arrivèrent enfin dans