Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/334

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le royaume avec bonté, avec fermeté, avec clémence. Tu as retrouvé ta mère et tes sœurs, et tu les as reconnues et aimées comme auparavant. C’est bien. Le Roi aura soin d’elles. Quant à ton père, il sera pendu, si la loi le veut, et si tu ne demandes pas sa grâce. Sachez, vous tous qui m’entendez ici, qu’à dater de ce jour, les enfants qui reçoivent asile à l’hospice du Christ et qui y sont nourris grâce aux bienfaits du feu Roi mon père, recevront, outre la nourriture du corps, celle de l’esprit et de l’âme. L’enfant que voici aura le même hospice pour résidence, et il sera le premier des gouverneurs du Christ Hospital. Et attendu qu’il a été roi, et qu’il convient qu’on lui rende des honneurs plus grands que ceux qui sont dus à aucun seigneur de notre royaume, le costume qu’il porte et que veuillez remarquer, afin d’en garder mémoire, lui seul aura droit et privilège de le porter, et personne ne pourra l’imiter. Et partout où il se présentera, afin que mon peuple sache et se rappelle que cet enfant a été roi en son temps, il aura droit au respect royal, et personne n’omettra de le saluer avec le respect dû aux souverains. Il est sous la protection du trône, sous la sauvegarde de la couronne, dont la splendeur rejaillit sur lui, et il sera connu et désigné sous le titre d’honorable comme les fils de pair, car il est le pupille du Roi.

Tom se leva, se prosterna et baisa la main du Roi. Puis il se retira et alla se jeter dans les bras de sa mère et de Nan et de Bet, à qui il conta la grande nouvelle, et qui pleurèrent de joie en le retrouvant, maintenant qu’elles étaient sûres qu’il n’était pas fou, et qu’il ne les quitterait plus.