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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/50

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— Le Roi a parlé. Personne n’a le droit de se soustraire par subterfuge aux commandements du Roi, ou, s’ils n’agréent point, de les accommoder à son loisir par de subtils artifices. Le Roi sera obéi !

Lord Hertford, qui se tenait debout derrière le siège du prince, dit avec respect :

— Sa Majesté le Roi ayant ordonné que Votre Altesse Royale s’abstienne de lectures et de travaux sérieux, peut-être il vous conviendra de passer le temps à quelque joyeuse fête, à moins qu’il ne vous lasse de prendre part au banquet et que vous n’en éprouviez quelque malaise.

Tom ouvrit de grands yeux. Il ne savait ce qu’on voulait lui dire et demeurait surpris. Il rougit vivement quand il vit les regards de lord Saint-John tristement fixés sur lui.

— La défaillance de mémoire persiste, dit l’envoyé du roi, Votre Altesse Royale a montré quelque étonnement, mais qu’Elle ait confiance et soit sans trouble ; ceci est un état qui ne saurait durer et qui disparaîtra avec la convalescence. Mylord Hertford a parlé du banquet de la Cité auquel Sa Majesté le Roi a promis, il y a deux mois, que Votre Altesse Royale assisterait.

Tom hésita et rougit de nouveau.

À ce moment on annonça lady Élisabeth et lady Jane Grey. Les deux lords échangèrent un regard d’intelligence, et le comte Hertford alla rapidement soulever la portière. Quand les jeunes filles entrèrent, il s’inclina et chuchota :

— Je vous en prie, princesses, n’ayez pas l’air de vous douter de son état, ne vous montrez point surprises des lacunes de sa mémoire ; vous serez peinées de voir comme son esprit s’égare à tout propos.