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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/53

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phrase en grec. Heureusement la princesse Élisabeth vit d’un coup d’œil que le trait avait dépassé le but. Elle se chargea de fournir la réplique pour le compte de Tom, et la conversation changea de sujet.

Somme toute, la chose allait à bien, les écueils et les précipices devenaient moins fréquents, Tom se mettait peu à peu à l’aise, maintenant qu’il voyait tout le monde s’empresser à lui venir en aide et à réparer ses bévues. Quand la question du banquet, qui devait être donné le même soir par le lord-maire, revint sur le tapis, quand il apprit que les petites princesses devaient l’y accompagner, il laissa éclater toute sa joie, car il sentait qu’il n’était point dépourvu d’amis parmi cette multitude d’étrangers qu’il tremblait, une heure auparavant, de devoir accompagner.

À vrai dire, les deux lords, qui faisaient office de gardiens auprès de Tom, étaient moins satisfaits que lui de la tournure qu’avait prise l’entretien. Ils étaient dans la position de quelqu’un qui doit piloter un grand navire pour le faire passer par un canal étroit et dangereux ; ils étaient constamment sur le qui-vive et trouvaient que ce n’était pas un jeu d’enfant. Aussi, lorsque la visite des princesses toucha à sa fin et qu’on annonça lord Guilford Dudley, non seulement ils furent d’avis que leur patience avait été suffisamment mise à l’épreuve, mais ils s’avouèrent qu’ils n’étaient guère en état de ramener leur navire au point de départ pour lui faire recommencer son périlleux voyage. Ils conseillèrent donc respectueusement à Tom de s’excuser, ce qui lui allait à merveille, bien qu’il eût vu un léger nuage passer sur le front de lady Jane quand elle entendit que l’illustre rejeton royal refusait de donner audience.