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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/54

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Il y eut alors un moment de silence et d’attente.

Tom se demandait ce qu’on allait faire. Il regarda lord Hertford qui lui fit signe, mais il ne comprit pas. Ce fut encore la princesse Élisabeth qui le tira d’embarras avec sa grâce accoutumée. Elle fit la révérence et demanda :

— Votre Altesse nous donne-t-elle le droit de nous retirer ?

— Vos Seigneuries, répondit Tom, savent bien que leurs désirs règlent ma volonté, et qu’il me serait agréable de leur donner tout ce qui est en mon pouvoir pour n’être point privé du plaisir et du bonheur que me procure leur présence ici. Mon cœur est avec vous, princesses, et ma pensée vous suit. Dieu vous ait en sa sainte garde.

Un sourire accompagna la fin de cette tirade, à laquelle il ajouta mentalement :

— Ce n’est pas pour rien que j’ai vécu parmi les princes dans mes rêves et mes livres, et que j’ai façonné ma langue à leur parler mielleux et doré.

Quand les deux illustres princesses furent parties, Tom se tourna vers lord Saint-John et dit avec lassitude :

— Vos Seigneuries voudront bien m’accorder la permission de m’en aller dans un coin pour me reposer.

— C’est à Votre Altesse de commander, répondit lord Hertford, à nous d’obéir. Votre désir de prendre du repos est d’autant plus légitime que Votre Altesse doit aujourd’hui se rendre à la Cité.

Il donna un coup de sonnette. Un page apparut et reçut l’ordre de mander sir William Herbert. Ce gentilhomme se présenta aussitôt et conduisit Tom dans un autre appartement.