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CHAPITRE XII.

MILES HENDON.


Échappés à la populace, Miles Hendon et le petit prince descendirent, en courant, les ruelles et les passages étroits qui conduisaient à la Tamise. Ils arrivèrent ainsi sans encombre jusqu’aux abords de London Bridge, où ils se trouvèrent de nouveau devant un océan humain. Ils n’hésitèrent point à s’y plonger, tandis que Hendon serrait dans sa main de fer la petite main du prince qui était maintenant le roi.

L’étonnante nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre. Le pauvre enfant l’apprit de cent mille bouches à la fois.

« Le Roi est mort ! » Ce cri, qui dominait toutes les rumeurs, lui glaça le sang dans les veines ; il lui sembla que son âme se brisait et que la terre s’entr’ouvrait sous ses pas.

Qui pouvait mieux que lui ressentir toute l’étendue de cette perte ? Qui pouvait en être plus affligé ? Le sombre tyran, objet d’horreur et d’effroi pour tout son peuple, n’avait-il pas été toujours tendre et généreux pour son fils ?

Les larmes lui montèrent aux yeux ; il ne vit plus rien, et pendant un moment il se crut perdu, abandonné des hommes et de Dieu.

Cependant, lorsqu’il eut entendu, dans la nuit qui