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LE RÊVE DE TOM.

— Eh bien, Tom, tout ce que tu viens de nous raconter est arrivé mercredi soir, dans cette chambre même. Si tu avais été ici en chair et en os, tu ne serais pas plus avancé. Est-ce que ton rêve s’arrête là ?

— Non ; j’ai pensé que tu priais pour moi. Je te voyais et je t’entendais très bien. Tu t’es couchée, et ton chagrin m’a fait tant de peine que j’ai écrit sur un bout d’écorce d’arbre : « Nous ne sommes pas morts ; nous sommes seulement partis pour devenir pirates, » et je voulais laisser l’écorce au chevet de ton lit. Je t’ai regardée, et tu avais l’air si désolée, que je t’ai embrassée pour te consoler. Ça ne servait à rien, puisque tu dormais ; mais je n’ai pas pu m’en empêcher.
Alors Sid a dit…

— Vrai, Tom, bien vrai ? Je te pardonne tout à cause de cela, dit tante Polly qui serra son neveu dans ses bras.

— Très gentil de sa part, quoique ce ne soit qu’un rêve, murmura Sid comme en se parlant à lui-même, mais assez haut pour qu’on pût l’entendre.

— On ne te demande pas ton avis, Sid — tais-toi ! s’écria de nouveau tante Polly. Dans un rêve, les gens agissent de même qu’ils le feraient étant éveillés. Maintenant allez vite chercher vos chapeaux, et en route pour l’école.

Les enfants obéirent, et la vieille dame ne tarda pas à sortir à son tour. Elle brûlait de vaincre l’incrédulité positiviste de Mme Harper en lui racontant le rêve de Tom.

Sid, plus discret que la généralité des garçons de son âge, s’était bien