Page:Twain - Les aventures de Tom Sawyer, trad Hughes, illust Sirouy, 1884.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
LES AVENTURES DE TOM SAWYER.


— Je crois que nous ferons bien d’essayer le vieux chêne de la colline de Cardiff, derrière la maison de la veuve.

— Oui, l’endroit me paraît bon ; mais la veuve réclamera sa part de la trouvaille. Le terrain est à elle.

— Allons donc ! Un trésor caché appartient à celui qui le trouve, j’ai lu ça dans un livre. Personne n’a rien à y voir.

Encouragé par cette réponse, Huck reprit son outil ; bientôt, comme la jarre et le coffre attendus n’apparaissaient pas, il s’écria :

— Nous nous trompons encore d’endroit ; qu’en penses-tu ?

— Je n’y comprends rien. Ce sont peut-être les fées qui nous contrarient.

— Pas probable, Tom. Les fées ne peuvent pas tracasser le monde en plein jour.

— Tu as raison, je n’y songeais pas. Bon ! je sais à quoi cela tient. Nigauds que nous sommes ! Pour savoir où l’on doit creuser, la première chose à faire, c’est de marquer l’endroit où l’ombre de la branche morte tombe à minuit.

— À minuit ! s’écria Huck.

— Oui, à minuit, répéta Tom. Il va falloir revenir ce soir. Si quelqu’un voyait ces trous, on devinerait tout de suite qu’il y a un trésor sous l’arbre et nous serions volés.

Le même soir ils se trouvèrent de nouveau sur le lieu de leurs fouilles. Ils s’assirent sous un chêne pour attendre le lever de la lune. L’endroit était solitaire et d’anciennes traditions rendaient l’heure solennelle — l’heure où les esprits mêlent le murmure de leur voix indistincte au bruissement des feuilles, où des fantômes se tiennent blottis dans tous les coins sombres. Un chien de garde poussa dans le lointain un aboiement lugubre auquel un hibou répondit par son cri sépulcral. Nos chercheurs de trésor, impressionnés par le souvenir de leur visite au cimetière, ne semblaient guère disposés à causer. À l’heure