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LE TRÉSOR CACHÉ.

Les enfants poussèrent un soupir de soulagement et Tom dit à voix basse :

— C’est le moment de déguerpir, viens !

— Je n’ose pas, répliqua Huck ; s’ils se réveillaient, je ne pourrais plus faire un pas.

Tom chercha en vain à le décider ; enfin il se leva avec une prudente lenteur et feignit de vouloir partir seul, persuadé que Huck le suivrait ; mais le plancher craqua d’une façon si formidable, qu’il se coucha de nouveau, à moitié mort de peur. Heureusement le bruit n’avait pas troublé le sommeil des dormeurs. Il se tint coi, comptant les minutes.

À la longue un des ronflements cessa. Joe l’Indien se redressa, regarda autour de lui et contempla en ricanant son compagnon accroupi dans un coin, la tête sur les genoux.

— On peut s’en rapporter à toi pour veiller, s’écria-t-il en le secouant avec rudesse.

— Hein ? Quoi ? Est-ce que j’ai dormi ?

— Oh ! un peu, rien qu’un peu ! Il est presque temps de partir, compère. Que ferons-nous du petit magot qui nous reste ?

— Pourquoi ne pas le laisser ici ? Nous le reprendrons avant de filer pour le Texas. Six cents dollars, ça pèse.

— Oui, mais il peut se passer une semaine d’ici là et un accident est vite arrivé. La cachette n’est pas trop sûre, bien que tous ces imbéciles pâlissent à l’idée d’entrer ici. Creusons un trou et enterrons le sac à une plus grande profondeur.

— Bonne idée, Joe ! dit l’autre qui se dirigea vers la cheminée, s’agenouilla, souleva une dalle au fond du foyer et prit un sac. Il en tira une vingtaine de dollars qu’il serra dans sa poche et en remit autant à Joe l’Indien, puis passa le sac à ce dernier, qui, s’étant agenouillé à son tour, creusait le sol avec son bowie-knife.

Tom et Huck oublièrent en un instant leurs tribulations. Ils suivaient