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LES FIANÇAILLES.

— Non, je les déteste.

— Moi aussi, lorsqu’ils sont vivants. Mais je parle de rats morts que l’on balance autour de sa tête avec une ficelle. Je vous en donnerai un.

— Merci, je n’y tiens pas. Un écureuil, je ne dis pas.

— Je crois bien ! Je voudrais en avoir un. Êtes-vous jamais allée au cirque ?

— Pas souvent ; papa n’aime pas à sortir le soir.

— Moi, j’y suis allé je ne sais combien de fois. Quand je serai grand, je veux être clown.

— Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux être juge ? demanda Becky.

— Peuh ! les juges s’habillent comme tout le monde.

— C’est vrai, et ils ne se mettent pas toutes sortes de couleurs sur la figure.

— Et les clowns gagnent un tas d’argent — au moins un dollar par jour. L’ennuyeux, c’est qu’ils ne peuvent pas toujours s’habiller comme au cirque… Dites donc, Becky, avez-vous un promis ?

— Un promis ? Je ne sais pas ce que c’est.

— On promet à un garçon de ne se marier qu’avec lui ; on s’embrasse, et alors il est votre promis.

— Pourquoi s’embrasse-t-on ?

— Pour être plus sûr. Vous vous rappelez ce que j’ai écrit sur l’ardoise et ce que vous m’avez répondu ? Eh bien, je vous aime ; vous me trouvez drôle, je vous embrasse. Maintenant, vous êtes ma promise, je suis votre promis, et vous ne vous marierez jamais, jamais, jamais avec personne que moi.

— Et vous, vous ne vous marierez jamais, jamais, jamais qu’avec moi, n’est-ce pas, Tom ?

— Bien entendu. Si vous me rencontrez en allant à l’école, vous ne causerez qu’avec moi, et nous danserons toujours ensemble. Amy Lawrence fera une fameuse moue, mais ça m’est égal.