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JACK POTTER.

l’attirait. Arrivé à l’endroit fatal, sa petite taille lui permit de se faufiler à travers la foule, et il contempla le lugubre spectacle. Il lui sembla qu’un siècle s’était écoulé depuis la perpétration du crime dont il avait été témoin. Quelqu’un lui pinça tout à coup le bras et il se mit à frissonner.
Jack Potter.
Il se retourna et son regard rencontra celui de Huckleberry. Ils feignirent de ne pas se reconnaître, se demandant si quelqu’un avait remarqué le coup d’œil qu’ils venaient d’échanger ; mais leurs voisins causaient, absorbés par la scène sinistre qui se déroulait devant eux.

— Pauvre garçon ! disait l’un.

— Il nous aurait tous guéris, s’il avait vécu, disait un autre.

— Que cela serve de leçon aux voleurs de cadavres !

— Ce gredin de Potter sera pendu, si on le prend.

Telles furent quelques-unes des observations que l’on échangea. Soudain, Tom frissonna de nouveau à la vue du visage impassible de Joe l’Indien. Au même instant la foule se mit à osciller et des voix crièrent :

— C’est lui ! c’est lui ! il vient se livrer !

— Qui ? Qui ? demanda-t-on.

— Jack Potter !

— Le voilà qui s’arrête ! Attention — ne le laissez pas partir.

Des spectateurs, perchés dans les branches d’un arbre au-dessous